Planifier la succession du fondateur, de l’animateur, de la locomotive d’une entreprise est une tâche complexe et délicate….surtout ….pour le principal concerné.
Il a de nombreuses raisons pour ne pas s’en préoccuper ou repousser la question à des jours plus propices.
Quelques-unes de ces raisons sont faciles à comprendre, du moins pour l’observateur.
Ne pas se confronter à sa propre finitude est une manière de se projeter dans l’éternité, et la vie éternelle restera jusqu’à la fin des temps un graal inaccessible…au commun des mortels.
L’entrepreneur confond souvent son identité avec celle de son entreprise élevée au rang d’entité vivante, presque dotée de parole. Ne vais-je pas perdre mon identité ou mon entreprise ne perdra-t’elle pas la sienne si je m’en sépare ?
L’ivresse de la conduite, non pas automobile, mais celle des affaires, et toutes les sensations qu’elle procure. Ces sensations de force, de puissance, de contrôle que l’énergie dépensée, et la satisfaction de la vision des obstacles renversés et des résultats obtenus laissent, sont des drogues dont il est difficile de se priver.
Le temps encore disponible. Lorsque l’on a construit de ses mains et embellit un tel ouvrage, l’illusion d’avoir encore tout le temps nécessaire pour y apporter encore une touche, pousse l’entrepreneur à repousser les limites du temps, et le laisse encore éveiller la nuit, avec des visions d’infinies améliorations.
L’entrepreneur entretient ainsi des relations intimes, incompréhensibles parfois pour le commun des mortels, avec cette entité qu’il considère comme une extension de lui-même. Elle fait naître en lui des sentiments étranges et le fascine au point qu’il a de la difficulté à s’en séparer.
Ce processus est pourtant nécessaire, justement pour que l’oeuvre d’une vie puisse se poursuivre, comme il est nécessaire de laisser son enfant grandir, se développer, devenir un adulte pour pouvoir quitter le cocon familial en laissant derrière lui la maison qui l’a vu grandir et ses parents assis sur le banc au soleil, qui agitent la main en signe d’au-revoir.
